14 mai 2007

Y croire, ou pas?

Dans son discours de lancement de campagne - si tant est qu'il y aura une campagne -, Pauline Marois a répondu aux questions que je soulevais dans mon dernier message: sur la nécessité de guérir la réferendite et la pédagogite qui affligent le PQ; sur la nécessité d'«ouvrir les fenêtres», comme le recommandait Joseph Facal dans son blogue; et sur la nécessité de réinventer la proposition social-démocratique du PQ, afin de retrouver le chemin de la pertinence.

Je la crois, bien sûr: je la connais depuis suffisamment longtemps pour savoir que ce qu'elle a dit hier, elle le pense vraiment et elle le souhaite vraiment.

La question, c'est plutôt de savoir si Pauline Marois, même avec toute sa compétence, même avec toute la meilleure volonté du monde, même avec toute sa détermination, pourra donner un nouveau souffle au PQ.

J'aime bien son attitude «qui m'aime me suive». Pour l'instant, beaucoup de péquistes - dont certains qui lui ont assené une brutale claque au visage en novembre 2005, ne l'oublions tout de même pas - semblent vouloir la suivre. Mais jusqu'où?

Son premier obstacle sera l'orthodoxie - qui confine chez certains à l'intégrisme - de certains militants péquistes. Malgré le message clair lancé par Pauline Marois, il serait étonnant que les orthodoxes rentrent simplement chez eux: leur maison, c'est le PQ, et on les imagine mal en mettre la clef sous le paillasson sans offrir la moindre résistance. Ils sont peu nombreux, mais leur détermination - que d'aucuns qualifieraient d'obstination, d'entêtement, d'attitude bornée, de death wish, enfin, bon, je m'arrête... - leur permet d'envisager une stratégie de blocage devant les efforts de Pauline Marois.

Elle devra affronter deux types d'orthodoxie: celle des indépendantistes pressés, et celle de l'aile gauche traditionaliste du PQ.

D'une part, les indépendantistes pressés ne se contenteront pas longtemps de parler de souveraineté - d'ailleurs, arriveraient-ils à renouveler leur argumentaire pour coller davantage aux préoccupations actuelles des Québécois? - et ils voudront qu'on leur donne la date du défilé de la coupe Stanley avant même de savoir s'ils se qualifient pour les séries éliminatoires. Accepteraient-ils que Pauline Marois fasse un jour front commun avec l'ADQ pour forcer le gouvernement libéral à négocier le rapatriement de pouvoirs vers le Québec ou à limiter au minimum le pouvoir fédéral de dépenser?

Et que diront les ténors du SPQ Libre quand Pauline Marois osera affirmer, avec raison, que la mission première de l'État québécois n'est pas d'engloutir des centaines de millions de dollars dans la sauvegarde temporaire d'emplois appelés à disparaître à moyen terme, sinon à court terme?

(Pour électoraliste qu'elle soit, cette façon de faire n'a pas empêché nombre de petites villes du Québec de mourir à petit feu. On aurait pu - dû? - prévoir le coup bien plus tôt et investir davantage dans l'avenir: la requalification immédiate des travailleurs dont l'emploi risquait d'être éliminé et l'aide à la création de PME bien ancrées dans ces collectivités. Ça n'aurait pas coûté plus cher, et ça aurait eu bien plus de chances de réussir...)

Voilà pourquoi je demeure inquiet - après tout, l'inquiétude est dans l'air du temps, non?

Cela dit, on peut être inquiet et ne pas perdre son optimisme...

Bonne chance, Pauline!

1 Comments:

At 1:49 p.m., Anonymous Anonyme said...

Marois a commis une erreur monumentale. En dissociant le PQ de la seule chose qui rassemble toutes ses factions, soit la souveraineté du Québec, elle condamne le parti au grenouillage, au conflit et possiblement à l'implosion.

La seule façon de rassembler l'aile-gauche, l'aile-droite et les purs et durs, c'est un référendum rapide, voire une élection référendaire à mon avis.

J'ai écrit un texte à ce sujet sur mon blogue si ça vous intéresse.

 

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