06 mars 2004

Ici, c'est presque la banlieue. Near the end of the line, comme disent mes amis anglos qui s'aventurent rarement à l'est de Saint-Denis. "Passé le Stade?", comme le soupirent mes amis francos qui s'aventurent rarement à l'est du Plateau.

Mais c'est quand même la ville.

Même à 1 h 30 du matin, ma rue n'est pas silencieuse. Derrière le ronron de mon portable, derrière le cliquetis du radiateur électrique qui hésite encore entre hiver et printemps, dans la lueur des réverbères qui n'éclairent plus que l'étendue verglacée du parc déserté, la rue parle 24 heures sur 24.

Parfois, ce sont les espadrilles des ados qui regagnent la maison familiale en répétant une dernière fois la scène qu'ils joueront à leurs parents respectifs - attention, bien coordonner les bobards! Parfois, ce sont les petits pas rapides d'une infirmière de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, pressée de rentrer, épuisée par son quart de travail à l'urgence, et inquiète à l'idée de croiser une bande de filous au détour d'une rue sombre. Elle aura plus de peur que de mal, sans doute. Mais la peur, déjà, fait mal.

Le plus souvent, cependant, c'est le voisin qui gare sa voiture sous son abri Tempo - je vous l'ai dit, c'est presque la banlieue... Bien sûr que c'est laid, un Tempo. Mais ça veut dire une petite demi-heure de repos de plus, chaque matin d'hiver. Il travaille dur, le voisin. Il la mérite, sa demi-heure. Allez, au dodo. Enjoy the silence...