Dégeler les frais de scolarité à l'université, voilà une proposition qui surprend dans la bouche d'une aspirante à la direction du PQ... Proposition qui en choquera certains, qui s'arrêteront à la manchette et qui n'envisageront à sa lecture que les scénarios-catastrophe d'universités désormais réservées aux happy few.
Or, il me semble qu'il y a là un défi intéressant à relever: comment hausser le financement des universités québécoises au-delà du niveau actuel, gênant pour une société qui prétend «faire de l'éducation une priorité», tout en maintenant - voire en améliorant encore - l'accessibilité des études universitaires?
Certains croient que le mouvement étudiant est gelé sur ses positions: le gel, le gel, le gel, et rien d'autre. Je ne sais pas ce qu'il en pense aujourd'hui, mais j'ai souvenir d'associations étudiantes qui cherchaient en toute bonne foi une solution à cet épineux problème.
Une recherche rapide sur Google m'a permis de déterrer deux intéressants documents préparés par la CADEUL (la grande association parapluie des étudiants de l'Université Laval): un mémoire présenté par les étudiants des cycles supérieurs à la Commission parlementaire sur l'éducation en 2004, et une recension des solutions mises en place dans quelques autres pays.
J'y ai retrouvé une avenue que nous avions proposée, il y a une quinzaine d'années, au Comité national des jeunes du PQ: l'impôt post-universitaire. Dans l'étude de la CADEUL, on explique comment l'Australie a implanté ce système durant les années 1990.
On ne s'étendra pas ici sur les modalités d'application, mais le principe est assez simple: à la fin de leurs études, les étudiants participent pendant quelques années au financement de leurs études proportionnellement à l'avantage économique qu'ils en retirent et, surtout, au moment où ils ont les moyens de le faire! Dans ce cas-là, on peut même envisager une contribution bien supérieure à celle qu'on leur demande actuellement, ce qui ne pourrait qu'aider nos universités...
Au moment d'entamer leurs études universitaires, le futur médecin et le futur anthropologue sont probablement aussi désargentés l'un que l'autre, mais le premier améliorera sans doute davantage sa situation financière à l'issue de ses études que le second. Il me semble donc normal que ses études finissent par lui coûter plus cher, parce qu'elles lui auront rapporté plus en fin de compte.
Mais plutôt que d'obliger les étudiants à s'enterrer sous les dettes, pourquoi ne pas simplement leur «facturer» leur contribution au moment où ils peuvent la payer et au moment où l'on sait vraiment quel avantage financier ils en ont tiré?
J'ai lu une critique de ce système à laquelle je n'ai pas de réponse: qu'en est-il des personnes qui sont sur le marché du travail et qui désirent étudier à temps partiel pour améliorer leur situation? Ça, c'est une très bonne question...
J'en reparlerai à un moment donné, mais il y a un sujet qui me tient énormément à coeur: la formation tout au long de la vie - et son corollaire, la conciliation travail-famille-formation. Dans la société où nous vivons, avec des emplois qui peuvent disparaître du jour au lendemain et les virages professionnels auxquels nous sommes parfois contraints - en plus de ceux que l'on fait par choix! -, on ne peut pas penser qu'à 16, 18, 20, 22, 25 ans, la formation, c'est terminé.
Heureusement, et on ne le dit pas assez, nous avons la chance au Québec d'avoir un système d'éducation qui offre un grand nombre de passerelles à l'âge adulte: formations de soir, à temps partiel, sur les lieux de travail, par correspondance, par Internet, etc. Il serait dommage - non, inacceptable - que des personnes qui désirent se requalifier pour un meilleur emploi ou simplement devenir des citoyens encore mieux outillés pour la vie n'aient plus accès à ces passerelles parce que leur coût serait devenu prohibitif. C'est encore plus vrai pour les jeunes familles qui cherchent un moyen d'échapper à la précarité de leur sort: cette formation continue ne doit pas être un boulet de plus pour eux, mais au contraire une façon de devenir un peu plus libres de leurs choix...
Alors, vous avez des idées? J'aimerais bien vous lire à ce sujet...