06 mars 2004

Ici, c'est presque la banlieue. Near the end of the line, comme disent mes amis anglos qui s'aventurent rarement à l'est de Saint-Denis. "Passé le Stade?", comme le soupirent mes amis francos qui s'aventurent rarement à l'est du Plateau.

Mais c'est quand même la ville.

Même à 1 h 30 du matin, ma rue n'est pas silencieuse. Derrière le ronron de mon portable, derrière le cliquetis du radiateur électrique qui hésite encore entre hiver et printemps, dans la lueur des réverbères qui n'éclairent plus que l'étendue verglacée du parc déserté, la rue parle 24 heures sur 24.

Parfois, ce sont les espadrilles des ados qui regagnent la maison familiale en répétant une dernière fois la scène qu'ils joueront à leurs parents respectifs - attention, bien coordonner les bobards! Parfois, ce sont les petits pas rapides d'une infirmière de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, pressée de rentrer, épuisée par son quart de travail à l'urgence, et inquiète à l'idée de croiser une bande de filous au détour d'une rue sombre. Elle aura plus de peur que de mal, sans doute. Mais la peur, déjà, fait mal.

Le plus souvent, cependant, c'est le voisin qui gare sa voiture sous son abri Tempo - je vous l'ai dit, c'est presque la banlieue... Bien sûr que c'est laid, un Tempo. Mais ça veut dire une petite demi-heure de repos de plus, chaque matin d'hiver. Il travaille dur, le voisin. Il la mérite, sa demi-heure. Allez, au dodo. Enjoy the silence...

04 mars 2004

J'avais envie de vous revoir. Et puis, j'avais envie que vous me revoyiez! C'est qu'il s'en est passé, des choses, depuis juin dernier...

Par où commencer? Si vous me lisez, il y a des chances que vous me connaissiez déjà et que vous sachiez déjà ce qui m'arrive de bon... Peut-être savez-vous déjà que je suis retourné au Big C, après une absence de quelques mois. Le temps de rattraper les lectures que je laissais traîner sur ma table de chevet gauche, sur ma table de chevet droite, sur ma table de salon, sur ma table de cuisine, sur ma table de travail, sous ma table de travail... Bref, je n'ai pas eu trop de trois mois pour faire tout cela!

Et il fallait que j'apprenne un nouveau métier, en plus! Mais il faut que je vous dise: c'est passionnant, la gestion des connaissances, surtout dans une organisation comme celle-ci. Les savoirs sont davantage fondés sur l'expérience que sur une documentation précise... et les gens carburent à la créativité plutôt qu'aux données numériques! (C'est rassurant, je trouve: je ne fais pas trop confiance aux gens qui croient pouvoir tout rationaliser du processus créatif...)

Mais c'est un défi de taille. Heureusement, je suis vraiment ravi de voir à quel point les gens manifestent de la bonne volonté. Ils semblent y croire de tout coeur. À présent, reste à traduire cette bonne volonté en actions! J'ai l'impression que mon expérience politique me sera utile...

Parlant de politique, je suis en train de lire le bouquin de l'économiste Richard Florida dont tout le monde parle depuis quelques mois: The Rise of the Creative Class.

Il m'inspire plein d'idées nouvelles pour Montréal et pour le Québec, mais il faut que je mette de l'ordre là-dedans. Se donner la mission de qualifier tous les Québécois d'ici 2010. Investir pour que Montréal et le Québec deviennent des espaces encore plus attirants pour ces personnes "créatives" qui sont de véritables aimants pour les meilleurs emplois, pour le développement économique et pour une vie collective de qualité.

Après le virage technologique de Bernard Landry, le Québec serait-il mûr pour un virage créatif?